La francophonie a-t-elle raté le virage de la télévision connectée ?

Adieu câble et satellite payant – Comme beaucoup de nord-américains, je n’ai plus de service de télévision par câble ou satellite. Programmation médiocre, répartition de chaines dans des packs sans logique thématique obligeant un abonnement à des chaînes sans intérêt et surtout des prix exorbitants : le choix est simple, je me suis reporté sur un abonnement internet illimité afin de diversifier mon offre audiovisuelle.

Le retour vers la télévision hertzienne – Pas d’abonnement et une qualité remarquable : le signal numérique

Plus de coupole, terminé la location de boîtes onéreuses qui ne sont jamais mises à jour, j’ai opté pour la télévision hertzienne numérique et la vidéo par internet.  Avec une antenne râteau, j’ai désormais accès à une bonne vingtaine de chaînes gratuites du Canada et des Etats-Unis : c’est bien là l’avantage des régions frontalières. Cette solution ne donnera accès qu’à une seule chaîne francophone: Radio-Canada. Pour en savoir plus au sujet de la télévision hertzienne numérique : RemoteCentral.comSaveAndReplay.com

rokuLa consommation audiovisuelle par internet : la télé connectée Ce que je veux, quand je veux.

Côté télévision par internet, j’ai choisi la solution Apple TV, mais il existe de plus en plus de petites boîtes permettant de regarder la vidéo par internet : Boxee, Roku. Grâce à Apple TV, j’ai accès au catalogue Netflix (films et séries),  Vevo, iTunes, Smithsonian TV, PBS, Yahoo, Vimeo, Youtube.

Ceux qui savent bidouiller un peu sauront ‘américaniser’ leur Apple TV afin d’avoir accès hors territoire américain à HuluPlus ou le catalogue Netflix américain. Netflix, c’est un abonnement modique de l’ordre de 9$, et HuluPlus dans les 7$ US. Sur l’ordinateur, grâce au VPN, on peut accéder à une offre encore plus grande : chaînes britanniques, chaînes françaises…

Hors bidouillage, les canadiens qui se reportent sur l’offre télévisuelle par internet échappent de facto aux dictats culturels de la CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes). Mais ce que nous gagnons en liberté culturelle, nous perdons en contenus francophones. En effet, outre quelques films classiques sous-titrés, aucune plateforme francophone ne propose de contenus sur l’incontournable Apple TV.

L’absence de programmation francophone

appletv

Côté américain, les hispanophones ont un choix important de contenus par la plateforme Hulu sur la Apple TV : Azteca America, Beta, Blastro, EstrellaTV, Tres, GloboTV, UniMás. Aux Etats-Unis et au Canada, quelle offre pour les francophones ? Rien du tout outre quelques classiques de la collection Criterion. Les francophones du continent doivent se mobiliser afin de faire pression sur les opérateurs afin que leurs contenus soient disponibles sur ces nouvelles plateformes.  La chaîne française Canal Plus pour sa part proposera des abonnements payants au Canada par le biais de DailyMotion (absent de la Apple TV).  Mais quid de Radio Canada, TV5, TFO, Télé Québec, France télévision, Arte, RTBF et la télévision connectée ?

Pourquoi la France n’innove pas ?

itunes3En France, l’offre télévisuelle par AppleTV est anémique et iTunes France, comme tous les services iTunes sont clôturés pays par pays. Vous ne pouvez pas acheter des contenus iTunes France depuis le Canada ou les États-Unis, sauf bidouillage bien entendu.  De plus, il n’existe pas d’équivalent Netflix français.  Autre que CanalPlay, le reste des contenus proposés est américain. Ref : http://www.apple.com/fr/appletv/whats-on/

Pourquoi n’y a-t-il pas d’équivalent français de Netflix avec des séries « made in France » ? Agnès Chauveau de France Culture propose plusieurs éléments de réponse : « Les séries françaises sont fades, il n’y pas de House of Cards français, pas de Homeland français car en France on peine à innover. Les productions françaises ont sous-estimé le modèle des séries car le cinéma classique pèse beaucoup en France. Il existe quand même quelques séries mais uniquement disponibles en DVD !  Il n’y a donc pas d’équivalent de Netflix. Pourquoi ? En France il faut attendre 3 ans après la diffusion en salle pour être diffusé en ligne sur une plateforme contre 4 mois aux États-Unis. Le rapport Lescure propose de ramener ce délai à 18 mois. Autre frein: au-delà d’un budget de 10 millions, tout projet doit participer au fond de financement français et européen. »

Pour en savoir plus.

Addendum

Voici quelques liens intéressants proposés par notre député Frédéric Lefebvre dans le cadre de ce sujet :

  • DVD et VoD disponibles quatre mois après la sortie en salle. Source: pcinpact.com – « C’est ce week-end que Christine Albanel, ministre de la Culture, a souhaité frapper un grand coup en avançant l’idée que les films sortis en salle puissent être disponibles en VOD et DVD quatre mois après. Une idée qui était déjà dans les couloirs d’un colloque à l’Assemblée Nationale, mercredi dernier, et défendue par Frédéric Lefebvre. »

La «chronologie des médias» à l’heure du désordre par Jean-Michel Frodon, Source: slate.fr

Les films en DVD, 4 mois après leur sortie en salle. Source : lexpress.fr

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