La visite de juillet 1967 au Québec est restée gravée dans la mémoire collective canadienne, comment pourrait-il en être autrement ? Avec sa déclaration du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, le président Charles de Gaulle fut perçu comme un irresponsable ingrat par l’ensemble du Canada anglophone.
Et pourtant, il fut un temps où cet homme fut acclamé et célébré dans les rues de Toronto. Il y a exactement soixante ans, en avril 1960, le président de la République française, Charles de Gaulle se rendit à Toronto, ultime étape d’un périple canadien qui passa par Ottawa , Québec et Montréal.
Neuf ans après la visite officielle du président Vincent Auriol, le général de Gaulle est arrivé dans l’après-midi du jeudi 21 avril à l’aéroport de Toronto, alors dénommé l’aéroport de Malton.
Sous un ciel couvert, humide, frais et venteux, Charles de Gaulle fut reçu avec le traditionnel salut au canon. Depuis le toit d’observation de l’ancien aéroport, à moins de trente mètres de l’aéronef et des officiels, deux groupements s’étaient massés pour l’occasion. D’une part, près de 300 curieux et sympathisants, d’autre part un groupe de 75 manifestants favorables à une Algérie indépendante venus à l’occasion depuis Windsor, London et Toronto.
À droite: carte postale de l’ancien aéroport de Malton avec son toit d’observation.
Sur le tarmac, le président de la République fut accueilli par le lieutenant-gouverneur de l’Ontario, John Keiller MacKay, le premier ministre Leslie Frost et le maire Nathan Phillips. En retrait de la cérémonie officielle, une jeune fille présenta à Mme de Gaulle un bouquet de roses au nom de l’association France-Canada.
Alors que Mme de Gaulle se rendit à l’hôtel Royal York, le général quant à lui fut emmené à la résidence du lieutenant-gouverneur à Queen’s Park pour une réception en son honneur en présence des représentants de la communauté française de la ville. À son départ de la réception, comme à son habitude, il se rapprocha de la foule massée pour la saluer chaleureusement au grand dam des autorités locales. Il quitta les lieux sous les cris de « Vive De Gaulle, Vive la France! » pour l’hôtel Royal York où il rencontra d’autres convives et compatriotes lors d’un événement organisé par le consul général de France, Jules-Gabriel Beauroy.
À droite : photo du président Charles de Gaulle à Toronto, photo Harold Robinson The Globe and Mail
Cérémonie officielle à l’aéroport, accueil à la résidence du lieutenant-gouverneur, réception consulaire au Royal York, ce programme chargé devait se conclure avec un dîner formel à l’hôtel King Edward en présence de plus de 600 convives. Selon les archives, le chef Stephen Vojtech, avait préparé pour ce banquet de la truite de la baie Georgienne en pâte feuilletée et un baron d’agneau printanière.
Le lendemain matin, vendredi 22 avril, le Général de Gaulle s’est rendu devant le cénotaphe de l’ancien hôtel de ville pour y déposer une gerbe et y faire un discours. Pas moins de 10 000 Torontois furent présents pour l’événement. Lors de son allocution en français, il salua les Canadiens qui avaient été aux côtés des Français pendant deux guerres mondiales. Son brève intervention se termina avec un « Vive Toronto! Vive le Canada! » Le cortège le ramenant à l’aéroport passa d’abord par la rue Bay où il traversa une pluie de rubans de papier.
À droite, photo de presse (Associated Press), photographe inconnu.
Accueilli comme il se doit, acclamé, applaudi et célébré, le général de Gaulle quitta Toronto pour Washington à 10 heures du matin le 22 avril 1960. Sept ans plus tard, il devint au bout de quelques instants, l’homme politique français le plus détesté du Canada anglophone. Ne cherchez donc pas la moindre rétrospective de son voyage torontois dans la presse canadienne anglophone, le ressentiment anti-gaullien ne s’éteindra pas de sitôt en Ontario.
Photo d’en-tête, archives du Globe and Mail : At City Hall, Charles de Gaulle talks with crowd. April 22 1960 Harold Robinson. Tout droits réservés.
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CELA DEVRAIT ÊTRE ÉCRIT EN FRANCAIS !!! Pourquoi tant d’incultes ?
Et la très Grande majorité des incultes sont Anglais !!! …
Quant à de Gaulle, il a fait un beau voyage. Tout comme Monsieur Du Mollet …
Oublions la politique le temps d’une fraternité …
GdR (Gaï de ROPRAZ)
Sans doute que ton ordi est en anglais ? Pour ma part, même mon système d’exploitation est en français ! 🙂