Centrophobe. [sɑ̃tʀɔfɔb] adjectif et nom.
Étym. ◊ de centro et –phobe
Qui éprouve de l’aversion pour les centristes ; qui dénote une telle attitude.
Trop souvent la politique actuelle dans notre pays se résume à des phobies exacerbées, le tout trempé dans un discours clivant et simpliste. Pour mieux polariser le discours, certains acteurs politiques s’en prennent à celles et ceux qui tiennent un discours plus nuancé, plus sophistiqué. Ainsi nait, la centrophobie.
Comment s’illustre-elle en termes concrets ?
Certains sifflent et insultent les candidats ayant un discours d’ouverture. D’autres se laissent aller aux réflexes pavloviens : ils aboient quand est évoqué le nom d’un tiers qui a osé un jour leur dire « non. »
Certains adoptent une attitude sectaire et ne s’intéressent pas ou peu aux solutions : ils vivent dans l’attente messianique d’un gourou, sont obsédés par le culte de la personnalité et mettent en valeur un roman historique de niveau primaire où n’existent que bons sauveurs et mauvais ennemis.
La violence des centrophobes
Les centrophobes sont parfois plus violents avec les centristes qu’avec leurs opposants naturels : de quel droit les centristes ne voient-ils pas le monde de manière binaire ? Alors se développe un discours haineux à leur égard : mous, faibles, couards, aveugles, girouettes, coup de barre à gauche, coup de barre à droite.
Un centriste, ça mange quoi en hiver ?
Pourtant, être centriste demande beaucoup plus d’effort et de courage : celui de comprendre, d’apprendre, savoir faire des synthèses, savoir développer le pragmatisme, questionner ses propres préjugés. Être centriste, c’est aussi souscrire à une certaine maïeutique. Être centriste, c’est une approche scientifique de la politique !
Mais cet effort, ce travail est rebutant, voire même répugnant pour ceux qui préfèrent les solutions simplistes aux problèmes complexes, cela est d’autant plus vrai que l’opinion est trop souvent chauffée à blanc avec des thèmes réducteurs et polarisants. C’est tellement plus facile de se laisser aller aux idées reçues, d’imaginer avoir la science infuse et de souscrire à l’infaillibilité du petit chef.
Ainsi, se crée un bruit de fond intolérable, toxique qui profite aux extrêmes. La centrophobie est le moteur des montées de l’extrémisme et l’ultime aboutissement de cet anti-intellectualisme.
Vous voulez l’union ? Alors inspirez-vous des centristes !
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