Le réseau consulaire français en Amérique du Nord britannique

M. Kleczkowski, consul-général de France
M. Kleczkowski, consul-général de France

Du Second Empire à la IIIe République
[Photo: M. Kleczkowski, consul-général de France]

Selon Samy Mesli, dans son Historique du consulat général de France, c’est Napoléon III qui rétablit des relations diplomatiques et consulaires avec les territoires britanniques d’Amérique avec la création d’un consulat à Québec en 1858, alors capitale du Canada-Uni. Le premier titulaire est un certain Ernest Blancheton qui meurt avant même de prendre son poste, il sera remplacé par le baron Charles-Henri-Philippe Gauldrée-Boilleau, consul de première classe jusqu’en 1863.

Le Canada ayant été fondé en 1867, le Second Empire reconnaît alors les possessions anglaises d’Amérique dont l’Amérique du Nord britanniques. Dans les annuaires diplomatiques et consulaires du Second Empire, il est clairement question des « Possessions anglaises d’Amérique » et on retrouve Halifax, Sydney, Montréal listés dans la même rubrique que les Bermudes, Trinité, Sainte-Lucie ou Kingston en Jamaïque. Il en sera de même pour les annuaires de la IIIe République.

Selon les annuaires diplomatiques du Second Empire et de la IIIe République, le réseau consulaire français en Amérique du Nord britannique se répartissait dans des villes dont le choix pourrait sembler surprenant aujourd’hui.

Si Montréal et Québec figurent bien dans la liste et plus tardivement Toronto, la première surprise concerne la présence d’un consul général dans la ville de Québec avant 1895, accompagné d’un chancelier ou chef de chancellerie. La France considérait la ville de Québec comme le chef-lieu naturel d’un territoire qu’elle avait perdu un siècle plus tôt, et considérait les territoires hors Québec comme n’étant que des colonies périphériques de la Grande Bretagne.

En revanche, les agents consulaires se trouvent pour l’essentiel dans des ports maritimes comme Saint-Jean de Terre-Neuve, Sydney et Halifax en Nouvelle-Écosse, Charlottetown dans l’île du Prince-Édouard, Saint-John et Miramichi au Nouveau-Brunswick. De toutes ces villes, c’est certainement Miramichi qui est la plus surprenante. Cette ville portuaire du nord-est de la province du Nouveau-Brunswick était alors un port majeur de l’Atlantique et nombreuses sont les familles irlandaises dont les ancêtres sont arrivés sur le continent à partir de cette bourgade. Miramichi fait donc partie du réseau consulaire français sans interruption de 1858 à 1898.

Sur la côte Ouest, dans le territoire qui deviendra par la suite la Colombie Britannique, l’agent consulaire se trouvait alors à Victoria et ce dès 1859. Dans les provinces centrales et du nord, Winnipeg fait son apparition dans l’annuaire en 1886 et Dawson City vers 1898.

Du Second Empire à la fin du siècle, le réseau consulaire français dans les territoire britanniques de l’Amérique du Nord, puis le Canada verra le transfert du poste consulaire de Québec à Montréal, l’émergence de Toronto comme ville d’importance ainsi que Trois-Rivières et Winnipeg en fin de siècle.

Les agents consulaires à Toronto

Sur Toronto, l’agent consulaire était un certain William John McDonell (Mac Donnell, Mac Donell, Mac Donnel). Né en novembre 1814, il figure dans les annuaires diplomatiques et consulaires de 1865 à 1886 et semble avoir été remplacé à partir de 1895, soit deux ans après son décès en France. Fervent catholique, W.J. MacDonell fonda l’agence charitable torontoise de St Vincent de Paul. Il est aussi l’auteur d’une biographie du premier évêque catholique du Haut-Canada Alexandre MacDonell en 1888. W.J. MacDonell fut l’agent consulaire français pendant au moins 21 ans, si ce n’est 28 ans, les archives n’ayant pas encore tout dit. Il fit grand usage public de son rang de chevalier, cependant il n’est toujours pas possible de déterminer si c’est un titre du Second Empire ou de la République. La base Léonore, qui recense les titulaires de la légion d’honneur depuis, est muette à son sujet.

Son successeur fut un certain Auguste Bolté ou Bolte, un marchand canadien-français qui vivait à Toronto à partir de 1880. Spécialisé dans les produits de brasserie, il avait des clients à travers le pays, d’Halifax à la Colombie-Britannique, et selon certains auteurs, il était très proche d’associations républicaines irlandaises. Son fils, Felix Olivier Bolté, était lieutenant dans le 2e régiment canadien, il fut blessé à plusieurs reprises, et fut tué par un obus le 2 septembre 1918. Felix Olivier Bolté fut enterré au cimetière canadien du Pas de Calais.

Consuls et agents consulaires à Québec, Montréal et Toronto de 1858 à 1898
Les dates ci-dessous en parenthèses sont celles des annuaires ou documents recensés.

  • Québec
    • Agent consulaire
      • M Édouard RYAN (1858)
    • Consul général 
      • M BLANCHETON (1859) – Meurt avant d’arriver au Canada
      • M Charles-Henri-Philippe GAULDRÉEE-BOILLEAU (1862) – [1859 – 1863]
      • M Frédéric GAUTIER (1865, 1870) – [1863 – 1871]
      • M Martial CHEVALIER (1874) – [1871 – 1875]
      • M LEFAIVRE (1877) – [1875 – 1881]
      • M le Cte H. de SESMAISONS (1882, 1886) – [1881 – 1885]
      • M Joseph-Aimé-Amédée-François DE RIPERT MONCLAR [1885-1886]
      • M DUBAIL (1886) – [1886 – 1890]
      • M Gabriel-Louis comte de Turenne d’Aynac [1890 – 1893]
    • Chancelier
      • M Henry FEER (1859, 1862, 1865)
      • M Léon DUCHASTEL de Montrouge (1886)
  • Montréal
    • Agent consulaire
      • M Thomas RYAN (1858, 1859, 1862)
      • M DOUCET (1865)
    • Consul général
      • M Maxime DURANT (1893)
      • M Alfred-Vinceslas KLECZKOWSKI (1895, 1898) – [1894 – 1906]
    • Consul, chargé de la chancellerie
      • M DUCHASTEL de Montrouge (1895)
    • Vice consul
      • Baron de Saint-Laurent (1893)
  • Toronto
    • Agent consulaire 
      • M W.J. MAC DONNEL (1865, 1870, 1877, 1882, 1886)
      • M Auguste BOLTÉ (1893, 1895, 1898)

 

 

 

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