Le Mémorial national de la guerre d’Algérie et …

memorial-algerieUn compatriote, ancien combattant, m’a fait parvenir ce texte après être passé au Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, quai Branly, dans le 7e arrondissement de Paris.

Je vous livre ci-dessous son témoignage, sans à priori et tel qu’il me fut parvenu :

Depuis deux jours ma soeur, ma fille et moi-même avions écumé Paris de long (pas en large). Suite à notre visite à la basilique de Montmartre et de la place du Tertre, j’eus l’idée de reprendre le métro dans l’après-midi, d’aller jusqu’au Trocadéro et descendre jusqu’à la Tour Eiffel.

En arrivant, je les laissais en dessous de la dame de fer et je me dirigeais vers le quai Branly juste à côté. Le trottoir, large à cet endroit, était encombré de marchands ambulants de toutes sortes d’articles touristiques, de gâteaux, sucreries boissons, etc. Je m’enfonçais dans la marée humaine dans le but de trouver le monument commémoratif des militaires et civils tombés pendant la guerre d’Algérie.

Après avoir navigué à droite et à gauche dans cette fourmilière, j’arrivais au dernier stand. Là le trottoir goudronné s’arrêtait net, un sol de terre meuble commençait; un peu surpris, j’avançais à pas lents; après quelques minutes je remarquais à ma droite trois colonnes de près de vingt mètres de haut en béton. Un carré de douze mètres délimité par un grillage entourait le côté où les colonnes se trouvaient. J’en fis le tour; des herbes folles avaient pris place, une poussière fine se répandait partout. De l’autre côté des colonnes, j’aperçus un petit pupitre soutenu par un petit bloc de béton à un mètre du sol. Je m’y dirigeai. Sur ce pupitre se trouvait un petit cadran alphabétique recouvert d’une protection en plexiglas, de quinze par dix centimètres, devenue opaque par le temps. 

Suivant des instructions je devais taper le prénom, puis le nom de la personne que je voulais rechercher; pas facile; mes doigts passaient juste entre les touches et le dessous du plexiglas; pour ce faire il fallait se baisser ou s’accroupir; j’ai passé presque vingt minutes pour le faire, malheureusement je touchais toujours la mauvaise touche, il fallait que je recommence. Déprimé écœuré j’ai abandonné.

Personne n’est venu troubler mes pensées, personne pour les partager, resté seul dans ce lieu aride, je suis retourné dans cette foule massée autour des marchands, je n’ai pas pu me régaler d’une pâtisserie au miel (dans la déprime j’aime le sucré), il y avait trop de monde.

Élément positif, ce lieu reflète exactement l’état d’esprit des rescapés de la guerre d’Algérie. Que la nuit des temps tombe sur nous n’a que peu d’importance, mais les autres!

Méritent-ils ça? Est-ce leur faute si la quatrième république a totalement manqué de vision? La cinquième a voulu tirer un trait là-dessus, elle n’est pas à blâmer; les politiques n’aiment pas qu’on leur rappelle ces choses-là. Le premier ministre de l’époque M. Jean Pierre Raffarin avait certainement de bonnes intentions lorsqu’il a inauguré ce monument, le résultat émotionnel dix ans après en dit long.

– Pierre Clément Gabelle


Pour en savoir plus

  • Le Mémorial de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie – Œuvre  de Gérard Collin-Thiébaut, le Mémorial de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie est constitué de trois afficheurs électroniques verticaux enchâssés dans trois colonnes sur lesquelles défilent respectivement les informations suivantes : sur la première colonne, les noms des 23 000 soldats et harkis morts pour la France en Afrique du Nord ;  sur la deuxième colonne, des messages rappelant la période de la guerre d’Algérie et le souvenir de tous ceux qui ont disparu après le cessez-le-feu ; sur la troisième colonne, les visiteurs peuvent faire défiler le nom d’un soldat au moyen d’une borne interactive.
  • 1 343 000 appelés ou rappelés, 405 000 militaires de carrière ou engagés, près de 200 000 supplétifs ont servi sur les différents théâtres d’opérations d’Afrique du Nord. – Algérie : 1er novembre 1954 au 2 juillet 1962 ; – Maroc : 1er juin 1953 au 2 mars 1956 ; – Tunisie : 1er janvier 1952 au 20 mars 1956.
  • Fiche Wikipedia
  • La base de données des « Morts pour la France » en Afrique du Nord durant la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie résulte de l’indexation des informations suivantes : nom, prénoms, date de naissance, date de décès, pays de décès, conservées par la direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives du ministère de la Défense. Cette base a permis de recenser et d’inscrire sur le monument commémoratif édifié au Quai Branly (Paris 7e) les « Morts pour la France » pendant la Guerre d’Algérie et les combats en Tunisie et au Maroc (entre le 1er janvier 1952 et le 2 juillet 1962). La mention « Mort pour la France » est accordée, suivant certaines conditions, en vertu des articles L488 à L492bis du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre. – Mémoire des Hommes

2 Comments

  1. Dans la colonne centrale défilent des noms de manifestants ayant répondu à l’appel de l’OAS pour venir contester le cessez-le feu et qui sont morts lors de la manifestation du 26 mars 62 Rue d’Isly. Cette liste porte d’ailleurs à caution, et certains avaient une responsabilité à l’OAS. La fusillade qui provoqua ces victimes fut déclenchée à la suite de tirs de membres de commandos OAS (installés sur les toits, balcons proches) tirant sur les militaires français !!!

  2. Ce n’est que sous la présidence de Jacques Chirac que le conflit algérien a été appelé La guerre d’Algérie. Incroyable. Avant on appelait ça : Opération de police : Avec des avions de combat, tanks, sections spéciales d’interrogations, etc. Il faut le faire.

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